Lorsque le téléphérique nous transporte dans le temps

Brest, un après-midi d’hiver : le téléphérique que nous empruntons nous relie à tous ceux utilisés lors de notre voyage.

Ville militaire tournée vers l’océan et habitée par la mer, Brest s’enorgueillit de posséder un téléphérique. Ce pont aérien relie les deux rives de « la Penfeld », rivière squattée depuis des siècles par la marine nationale.

Prendre le téléphérique c’est choisir de se rendre aux Capucins, gigantesque médiathèque logée dans d’anciens arsenaux. La tendance veut que les friches industrielles trouvent de nouvelles fonctions moins industrieuses (salles de concerts, lieux d’expo, complexe multimédias…). Nous avons donc sacrifié à cette curiosité.

A peine entrés dans la vaste cabine, nous avons entamé ce cours trajet vitré qui, le temps d’une élévation, nous a reliés à tous les téléphériques du monde que nous avons empruntés.

Contemplant le pont voisin de Recouvrance, nous volons vers nos souvenirs de Porto et son téléphérique qui nous offre une vue exceptionnelle sur le Douro et les entrepôts de vins. En reluquant les vaisseaux amarrés sur les quais brestois, notre esprit divague vers la Colombie où un mini téléphérique artisanal de quatre places nous a fait traversé un torrent au pied de Jardin, paradis agricole enserré autour de sa place carrée, lieu de toutes les effusions.

Toujours en Colombie, à Manizales nous prîmes un outil ultra-moderne pour redescendre vers une gare routière, en route pour Cali, capitale de la salsa. Nous n’oublions pas Medelin où grâce aux téléphériques nous avons pu accéder aux quartiers pacifiés des collines et goûter à la nouvelle effervescence de la ville.

Mais nous nous rapprochons déjà de la médiathèque, terme de notre court voyage au-dessus des eaux brestoises. Nous cherchons en vain les sommets enneigés de Courchevel ou de Saint-Pierre-de-Chartreuse accessibles par les cabines de la Sauluire ou des Essarts.

Non, nous ne sommes plus en montagne, ni autour du monde, nous sommes au bout du monde : les portes s’ouvrent. Il faut descendre. Où sont nos sacs à dos, nos skis, nos shorts ? Dans notre mémoire. Nous reprendrons cet ascenseur oblique car il nous offre une parenthèse onirique et relie, le temps d’un trajet, la ville à notre imaginaire. Le téléphérique devient alors le téléféérique !

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