Périple au Rajasthan : au cœur des traditions de l’Inde

Après notre séjour à Goa, c’est vers le Rajasthan que nous décidons de nous diriger. Attirés par le mystère et les beautés de cette région du nord ouest de l’Inde, nous y crapahutons pendant 12 jours, du 27 janvier au 8 février.

Le Rajasthan est un état indien baigné d’une aura mystérieuse liée aux contrastes saisissants que l’on peut y rencontrer. Proche du Pakistan, c’est une région reculée où s’affichent un métissage de races et un mélange de religions encore bien vivaces : hindouisme et islam. Les Indiens de cette province sont plus noirs, plus colorés dans leurs tenues (femmes bariolées, hommes à turban) ; les regards sont perçants, les sourires d’un blanc éclatant.

Jaipur, entre magnificence et cohue indescriptible

A Jaipur des forteresses et palais majestueux témoignent d’une splendeur qui a fait la renommée de cette contrée : l’on devine la magnificence et la puissance des maharadjas et de leurs cours (nous reviennent des images et ambiances croisées dans le palais Tokapi des sultans d’Istanbul). L’on imagine les femmes du harem circulant jadis derrières les fenêtres du Palais des Vents. Une façade rose construite juste pour elles afin qu’elles voient sans être vues.

A deux pas de Jaipur, nous divaguons dans l’incroyable Amber Palace, résidence d’été du maharaja. L’on y pénètre par la porte du Soleil avant d’arriver sur une immense cour intérieure où se tenaient jadis les parades de sa garde personnelle. Puis s’offre à nous les différentes parties de son palais toutes aussi magnifiques : le hall d’audience, les jardins privés, le hammam, le palais des verres.

Contrastant avec ces richesses, les rues affichent une vitalité hallucinante : c’est une formation indescriptible d’embouteillages monstrueux (voitures, tuk-tuk, charrettes, motos, cycles, bœufs, vaches sacrées…) où triomphe la loi du klaxon roi.  S’empilent les grappes de vendeurs en tout genre, les enfants dépenaillés, les femmes souvent rutilantes dans leurs tissus chatoyants. Cette magie vestimentaire côtoie l’insigne misère de mendiants qu’ils soient adultes ou enfants.

Naviguer dans les ruelles opaques de Jaipur offre un spectacle ahurissant digne des Misérables de Victor Hugo. La douceur des Indiens caresse le dénuement extrême dans le sens d’une acceptation étrange. Et retrouver un boulevard même bruyant offre un réconfort salvateur.

Pushkar, ville sacrée

Pour appréhender la magie fascinante du Rajasthan, il faut parcourir l’Etat vers le Sud et s’offrir la visite de petites villes comme Pushkar, cernée de collines montagneuses et enroulée autour d’un petit lac sacré. Ici s’exprime la dimension spirituelle de l’Inde quand, à l’aube ou au crépuscule, les Indiens s’adonnent à leurs rituels religieux, des prières accompagnées de clochettes, de tambours, de fleurs, dansant au bord des eaux croupies du lac de Pushkar. Certaines ablutions ont lieu en présence de vaches divagantes, de singes à l’affût et autres huluberlus orientaux ou occidentaux.

Douceur de vivre à Udaipur

Plus au sud encore, Udaipur, aussi appelée la Venise de l’Inde, étale ses palais, temples et ses havelis (maisons traditionnelles peintes) à l’abri du City Palace, demeure grandiloquente du maharana, dignitaire local aux pouvoirs jadis importants. Toute cette rutilance se reflète à loisir dans les eaux complices d’un lac au centre duquel deux magnifiques palais se mirent sans retenue. Au lever comme au couchant, le spectacle est de toute splendeur. Nombreux sont ceux qui viennent gouter cette douceur de vivre tandis qu’à quelques encablures, une ville toute autre exprime sa vitalité toute indienne, sa démesure de bruits et de désordre.

Jaisalmer, aux portes du désert du Thar

Pour effleurer un Rajasthan plus authentique, il faut se diriger vers le nord-ouest aux portes du désert du Thar. A Jaisalmer, une ville moyenne (65000 habitants) est posée au pied d’une citadelle de pierres brunes, sorte de Carcassonne orientale. Au sein de cet édifice visitable, une succession de ruelles authentiques (sans voiture) et de maisons ou temples jaïns remarquables, désormais tout offerts au tourisme. Le désert est proche et des safaris (ainsi appelés par les locaux) s’y déroulent, plus ou moins longs, avec force chameaux, jeeps et autres réjouissances pour apprentis nomades. Ainsi va le Rajasthan, héritier de traditions fortes désormais avalées par la modernité galopante et la société des loisirs.

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