Le Guatemala des gentillesses

Le 31 juillet nous arrivons depuis le Mexique au Guatemala. Pendant trois semaines nous traverserons le pays du Nord au Sud. Récit et impressions…

Un passage de la frontière à bord d’une pirogue, un conducteur de bus qui zappe le poste de l’immigration à Bethel, un aller-retour depuis Florès (9 heures sur piste défoncée) pour obtenir le tampon sur nos passeports (et éviter d’être considérés comme voyageurs clandestins) : notre passage du Mexique au Guatemala fut des plus chaotiques. Et certains trajets en bateau ou pick-up nous laisseront un souvenir pour le moins agité. Mais ces aléas nous aurons aussi ouvert les portes d’un pays verdoyant, montagneux, souvent très beau, aux habitants souriants voire rieurs dont la gentillesse nous aura réconfortés dans un moment du voyage où une certaine lassitude commençait à poindre.

Nous avons choisi comme première étape, au Guatemala, Florès, une petite île sur le lago de Petén, au charme certes indéniable (ruelles colorées, place centrale) mais légèrement exagéré par les guides qui voient en elle un côté méditerranéen voire vénitien (dixit Lonely Planète). Florès sert surtout de point de chute aux touristes désireux de jouer aux explorateurs à Tikal.

Se promener parmi les ruines mayas de Tikal sur fond sonore de singes hurleurs et oiseaux exotiques a quelque chose de spectaculaire. Certains temples s’élèvent à 44 mètres de hauteur. Erigée autour de 700 av JC., cette cité maya est devenue vers 250 une importante communauté religieuse, culturelle et marchande avant de connaître un déclin dans les années 900. Le site, envahi par la jungle, a été redécouvert au 19^e siècle, tout comme Monte Alban et Palenque au Mexique (que nous avions visités précédemment). Troublantes et mystérieuses toutes ces civilisations disparues…

Se perdre, s’égarer, se fourvoyer : tel est l’inévitable destin du voyageur au long cours. Nous nous serons aventurés plusieurs fois vers des destinations peu courues et peu touristiques. Qu’il s’agisse de Jaffna et sa région étrange au nord du Sri Lanka ou Kalpitiya au nord de Colombo, de Cabo Pulmo au Mexique ou de Livingston, ville isolée à l’Est du Guatemala, nous aurons osé pousser la curiosité vers des terres reculées nous menant à des atmosphères inoubliables, des impressions nouvelles, des souvenirs ineffaçables. Sur quoi s’accroche ou se construit un souvenir ? Bien malin qui pourrait le dire.

Le charme de Livingston réside en sa singularité. Des Guatémaltèques, certes, mais comme nulle part ailleurs dans le pays. Ici on est sur un tout petit bout de la côte des Caraïbes, les linvingstoniens sont noirs, la musique claque au son des percussions. Ici c’est nonchalance et sourires à pleines dents blanches. Pour aller à la rencontre de ce peuple issu de l’esclavage, il faut prendre un bateau et descendre le Rio Dulce à travers la jungle tropicale. En route, ou plutôt en fleuve, on croise des habitants résidant sur l’eau, parmi les nénuphars et les cormorans.

Notre trajet vers le centre du pays (Lanquin et les fabuleuses piscines naturelles de Semuc champey et Coban, deuxième ville du pays) nous a ensuite mené au Sud, à Antigua. Avec ses ruelles droites et rectilignes, ses maisons basses et ses façades colorées, l’ancienne capitale nous a d’emblée rappelé (comme à bon nombre de voyageurs d’ailleurs) San Cristobal de Las Casas au Mexique. Il fait bon de flâner dans cette ville entièrement pavée et dominée par trois majestueux volcans, dont le Fuego toujours en activité. Mais Antigua affiche aussi les stigmates de séismes successifs (le dernier remonte à 1979 et a fait des milliers de morts) et la visite de ruines à ciel ouvert de certains édifices ne se fait pas sans émotion.

Nous terminerons notre traversée guatémaltèque de trois semaines au puissant lac Atitlan. Un lac surplombé par trois magnifiques volcans et entouré de villages aux styles différents (hippies, fêtards, tranquille…) où tourisme et tradition cohabitent gentiment. S’en remettre à des gens doux et serviables, profiter de leur candeur et de leur facilité d’amusement nous aura permis d’apprécier pleinement le côté traditionnel de la vie au Guatemala et nous aura rappelé que les peuples proches de la nature (Polynésie, Népal) gardent une fraîcheur dont profitent les voyageurs pour peu qu’ils veuillent bien s’y intéresser.

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