Sri-Lanka : Jaffna, Mannar, les péninsules abandonnées

Toujours avec la volonté d’essayer de sortir des sentiers battus, le 15 décembre, depuis Colombo où nous venons de procéder à une extension de visa, nous décidons de prendre la direction de Jaffna puis de Mannar, péninsules située au nord du Sri Lanka et délaissées des voyageurs.

Au nord du Sri-Lanka, on plonge dans un autre monde, celui des Tamouls, bien loin de l’univers cinghalais que nous avons côtoyé jusque là. Grands temples hindous et divinités colorées dans le moindre petit village, cérémonies à la lueur des flammes en pleine rue, vaches sacrées au milieu de la route, devant les magasins, sur la plage, ânes et biquettes en liberté : ici on sent l’inde.

L’inde n’est d’ailleurs qu’à quelques dizaines de kilomètres par la mer, mais l’accès par bateau a été bloqué en 1982, lorsque la guerre civile entre Tamouls et Cinghalais a éclaté. Elle durera 30 ans (1982-2012). Le tourisme n’est de nouveau possible que depuis 2015. Ici on sent plus de pauvreté que dans le reste du pays, des endroits sont désolés, un sentiment parfois de vide nous submerge, mais le sourire et la gentillesse des sri-lankais restent intacts.

Jaffna : présence d’une alliance française

La ville de Jaffna, est comme toute grande ville sri lankaise, désordonnée, agitée, bruyante. Une exception échappe néanmoins à la règle : les conducteurs de tuk-tuk ont une conduite plutôt cool. Pas besoin de se cramponner au siège ! Et beaucoup de Jaffnais roulent en vélo.

Nous apprenons la présence d’une alliance française. Curieux et voulant échanger dans notre langue maternelle, nous nous y rendons et rencontrons Gérard Robuchon dont la cuisine n’est autre quela traduction de textes français en cingalais et tamoul et l’enseignement du français. Nous passons deux heures avec lui. Il nous parle de sa ville d’adoption dans laquelle il vit depuis 30 ans, de son rapport à la poésie française (Rimbaud, Cegalen, Appolinaire, Blaise Sandras) et nous présente le travail des archivistes depuis 15 ans.

Nainativu : bout du monde désolé

Nous ne nous éternisons pas à Jaffna et décidons de prendre le bac du coin (une barcasse qui nous a transformés en migrants l’espace d’une traversée) pour nous rendre à Nainativu, connue pour aligner temple hindou et temple bouddhiste. Nous marchons à travers des rues désertes sous un soleil de plomb. Sentiment de vide et de désolation. Nous grignotons quelques mets sri-lankais, plus épicés que bons, et en jetons les restes à de très maigres chiens qui nous font pitié. Aïe…! Nous voilà cernés par cinq corbeaux et d’autres chiens venus de nulle part. Impression de film d’horreur ! Après deux heures passées sur cette île au bout du monde et fort de cette expérience insolite, nous rembarquons, sur une barge cette fois et voyons s’éloigner le beau temple hindou dans lequel nous avons découvert pour la première fois une cérémonie.

Mannar, pointe dans l’océan

Le lendemain nous prenons la route pour la presqu’île de Mannar, une pointe dans l’océan, à quelques petits quarante kilomètres de l’Inde. Nous nous y rendons en bus. Nous avons pris l’habitude de ce mode de transport économique où le chauffeur accélère et freine toujours de manière brutale (il n’y en a pas un pour rattraper l’autre) sur très bon fond musical amplifié. Nous y découvrons le chanteur indien Sripathi Panditharadyula . Ecoutez, Chinnamani Kuyile, ça vaut le détour !

A notre arrivée à Mannar, nous nous rendons sur une plage peuplée de vaches et ferons la curiosité des locaux. Chacun voudra un selfie avec nous,  d’autres rirons rien qu’en nous voyant. Nous louons un scooter pour nous rendre tout au bout de la presqu’île, à Talaimannar. Au bout de la route, un cul de sac et l’ancien embarcadère pour l’Inde.

Nous remontons le scooter, direction Talamannar Beach. Nous attend une longue plage sauvage de sable clair, qui pourrait être le paradis des kites surfers, mais qui une fois de plus est complètement désolée avec quelques pêcheurs de sardines, raccommodant leur filets. Je leur demande l’autorisation du cliché, basculement de tête à la sri-lankaise qui veut dire ok bien sûr. On l’aime tellement cet hochement de tête si singulier qu’on finit par l’attendre. Sourires échangés. Les sri-lankais sont vraiment gentils. Ce n’est pas une légende. Douceur dans un monde désolé que le covid a encore plus isolé et qui n’attend qu’à être paradisiaque.

Album photos

9 réflexions sur “Sri-Lanka : Jaffna, Mannar, les péninsules abandonnées”

  1. Je vois que vous vivez de tres belles choses, des belles rencontres, nous ça va c’est l’hiver il fait froid. Encore des belles choses que tu vas nous faire decouvrir courage bisous

  2. Elisabeth PARMENTIER

    Coucou vous deux,
    Toujours aussi passionnées par votre voyage!! C’est exhaltant ! Beau ! Superbe !
    Nous suivons votre aventure avec des ah !! oh!!! …..
    Vive le prochain épisode !
    Que cette année soit donc pleine d’aventures et de rencontres fabuleuses pour vous encore !!
    Bisous
    Agathe, Zabeth

    1. Merci Agathe et Zabeth. Nous sommes vraiment contents que nos aventures soient suivies et que ce blog plaise autant. C’était un peu un défi pour nous.
      Nous vous embrassons très fort toutes les deux,
      Katia et Yann

  3. Coucou les amis
    Quel beau cadeau de début d’année ce récit de votre voyage et toutes ces photos
    C’est tellement mieux que les bonne année bonne santé
    Et quel pays moderne avec des vaches qui vont chercher leurs lunettes
    A très bientôt j’espère pour la suite

    1. Coucou Joëlle,
      Merci pour ce commentaire qui nous touche beaucoup 🙂
      Les vaches qui vont chercher leur lunettes, c’est vrai que c’était drôle! En tout cas elles sont présentes partout au nord du Sri Lanka et en Inde encore plus. Je pense qu’on ne les verra plus comme avant en rentrant en Europe !
      On t’embrasse très fort,
      Katia et Yann

  4. Bonjour Katia,
    En ce début d’année, il me semblait indispensable de trouver un petit temps pour regarder tout le périple que vous avez déjà réalisé et c’est trop bien !
    Très belle année à vous deux et bonne continuation dans vos prochaines destinations.
    Toutes tes photos sont magnifiques et me rappellent un certain nombre de voyages que j’ai déjà réalisés (Venise, Cappadoce, Sri Lanka, …). Mais comment peut-on envisager de revenir travailler après de telles découvertes de paysages et surtout de magnifiques rencontres locales (je confirme que les Sri Lankais sont adorables ; le seul bémol dans les pays asiatiques, c’est le bruit et la pollution lorsqu’on est en ville)??…
    Dès qu’on goûte à tes récits et photos, on ne peut qu’y revenir pour connaître la suite !
    A très bientôt Katia ! Biz de notre Savoie qui est bien ensoleillée et enneigée en ce moment.

    1. Bonjour Sylvie 🙂
      Merci pour ton message très encourageant. A mon tour de te souhaiter une très belle année 22 avec de belles découvertes de randonnées.
      Oui ! Tu as raison ce qui est compliqué en Asie (aujourd’hui nous sommes en Inde) ce sont les grandes villes (et même les villes moyennes !), le bruit est d’une telle agressivité couplé par pollution que ça peut nous fatiguer très vite. Finalement on ne trouve pas trop d’intérêt en milieu urbain, on essaye de s’approcher au maximum de la nature. A voir comment maintenant nous allons vivre l’Inde, ce sera l’objet d’un prochain article.
      En tout cas ravie que ce blog te plaise !
      A très bientôt et bon ski !
      Bises !
      Katia

    1. Eh Pipo ! Merci ! Aujourd’hui place à l’Inde et aux pays d’Asie qui voudront bien nous accueillir… Mais cela semble très compliqué…
      On t’embrasse,
      Yann et Katia

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