Notre escapade en Turquie ne pouvait se limiter à Istanbul. Bien que la côte sud avec ses températures clémentes et ses vestiges remarquables nous tendaient les bras, nous décidâmes de poursuivre l’aventure vers la Cappadoce puis l’Asie mineure, près de la Syrie (ouh là là !). Un périple qui aura duré dix jours.
C’est dans la soirée du mercredi 17 novembre que nous arrivons à Göreme au cœur des paysages hallucinants de la Cappadoce. Nous découvrons un village, qui jadis connut certainement une vie agricole paisible, mais qui, tourisme oblige, s’invite désormais dans une réalité entre Mad Max et Il était une fois dans l’Est. L’on y croise une armada de 4X4, de quads, de véhicules délabrés et de vieilles limousines américaines en location ; mais aussi des bus à foison et quelques équipages de chevaux. S’agglomèrent restaurants, magasins de souvenirs, hôtels troglodytes de charme et distributeurs de billets.
Pour faire passer ce ragoût indigeste il faudra bien de bons moments de complicité et quelques parenthèses de calme et de contemplation devant la beauté minérale. Mais cela peut-il suffire lorsque l’on est en quête de pureté, d’espaces et d’authenticité ? Nous abrégeons ce séjour au pays de Lucky Turk et décidons au bout de deux jours de partir en direction de Gaziantep.
Maisons troglodytes
Gaziantep : énergie et authenticité
Si notre arrivée en Cappadoce s’est faite en avion depuis Istanbul, c’est en bus que nous progressons vers l’Anatolie orientale. Peu à peu nous nous engageons dans des vallées profondes, sous un ciel bas, où la présence humaine se fait de plus en plus rare. Notre cheminement dans la montagne anatolienne nous indique que l’Asie continentale est bien là, et son intrigante austérité aussi. Nous arrivons la nuit venue à la gare routière de Gaziantep sous une pluie glaciale. Une succession de petits coups de main nous permettra d’atteindre un hôtel (complet), en plein centre, où il faudra négocier pour avoir une chambre (libre).
Vallée d’Anatolie
S’en suivra un dîner hallucinant dans un restaurant typique (complet aussi) à l’ambiance ébouriffante dans une grande salle mi bal, mi restaurant, avec orchestres locaux, danseuses genre lido anatolien et clients exaltés. Ne comprenant rien au menu, au serveur, aux voisins de tables, nous nous laisserons porter par la gentillesse ambiante et l’énergie de l’endroit jusqu’à notre départ dans la nuit. Rien ne vaut de telles journées où tout s’entrechoque favorablement dans une aventure renouvelée, recréée, alternant moments calmes et accélérations foudroyantes.
Restaurant à Gaziantep
Le lendemain, Gaziantep nous accueille dans un dimanche frais et vivant : cette grande ville (deux millions d’habitants) nous offre ses bazars pleins de cuivres et d’épices, de pistaches et de pâtisseries orientales, ses visages nouveaux où se mêlent rudesse et joie de vivre, sourires et pauvreté. Nous nous habituons peu à peu aux différences, aux bruits, au métissage d’Europe et d’Asie centrale. Nous mélangeons notre curiosité à l’hospitalité naturelle des gens d’ici. Nos repères se dissolvent lentement. Chaque jour est une aventure.
Bazar de Gaziantep
Urfa : la ville des prophètes
Gaziantep est une très grande ville : nous aspirons à quelque chose d’encore plus authentique et l’appel de l’Est est fort. Aussi, après deux jours, nous nous lançons à la découverte d’Urfa. Notre arrivée dans la ville des prophètes est encore mouvementée : un taxi fou nous catapulte de la gare routière à notre hôtel. C’est ainsi que nous découvrons la conduite anatolienne.
Place centrale à Urfa
Cette escale s’avère tout de suite excitante, tant l’exotisme et la beauté de la vieille ville nous séduise : les vieilles rues à demi couvertes, le bazar moyenâgeux, l’extraordinaire beauté des mosquées qui s’enfilent autour d’un parc et de grands bassins regorgeant de carpes sacrées. Nous sommes sous le charme quand tombe la nuit et que le chant du muezzin retentit au pied de la citadelle éclairée.
Plan d’eau de Gobasi peuplé de carpes sacrées
En route pour Nemrut
Le lendemain notre hôte Mustafa nous propose l’incontournable expédition vers le mont Nemrut, à deux cents kilomètres quand même ! Nous arriverons au sommet (2150m) pour le coucher de soleil et pourrons admirer tantôt la façade ouest du mont, tantôt la façade est, toutes deux coiffées de majestueuses statues.
Nous accompagnera dans ce périple, Johanna, routarde suédoise de 28 ans, partie pour cinq mois en Grèce, Turquie, Egypte et Afrique de l’Est. La route nous offrira de splendides paysages arides, des vestiges romains et la rencontre avec un personnage atypique que nous surnommerons tantôt Dr Mustafa, tantôt inspecteur Colombo à cause de sa personnalité énigmatique (fou au volant, prévenant, lunatique). Ereintés le soir venu, nous tenterons de récupérer de toutes ces folies pour, la nuit passée, mieux reprendre la route en direction de notre ultime étape à l’extrême Sud Est de la Turquie : Mardin.
Lors du périple vers le mont Nemrut
Mardin : ville pittoresque sur les plaines de Mésopotamie
Située au nord de la Syrie et non loin de l’Iraq et de l’Iran, la ville de Mardin est adossée à un éperon rocheux dominant les vastes plaines de Mésopotamie. Cette vieille cité verticale, qui se confond avec la montagne écrue, a tout d’un comptoir marchand que les portes du désert naissant ont laissé prospérer. Cheminer dans cette cité, c’est oser parcourir un labyrinthe étagé dont l’arête salvatrice est la rue principale.
La vieille ville de Mardin
Ici l’on sent la richesse modeste mais aussi la pauvreté digne, la lenteur du temps. Le respect de ces gens issus de mélanges ancestraux est souvent accompagné d’une attention, d’une malice, d’une bonhomie rieuse. A Mardin, l’on est bien… tous les jours. Comme souvent, nous serons accueillis, invités, choyés, et lorsque nous prendrons la direction du retour (en avion) vers Istanbul pour le Sri Lanka, nous regretterons de ne pouvoir poursuivre plus avant l’aventure terrestre vers ses pays voisins fascinants que sont l’Iran et l’Afganistan.
Les plaines de Mésopotamie
Album photos
La Cappadoce, maisons troglodytes à Göreme
Eglise byzantine
Gaziantep : fête dans un restaurant
Bazar de Gaziantep
Restaurant à Gaziantep Mosquée datant du 13e siècle à Gaziantep Minaret
Femme de chambre Syrienne de l’hôtel L’oud : la guitare d’Anatolie Gare routière à Gaziantep Epices d’Orient Scène de rue à Salinurfa Bazar de Salinurfa Mosquée Ulu Aigle romain sur la route de Nemrut Avec Mustafa, notre guide Pont romain Tête de Buddha dans la roche Panorama aux abords du mont Nemrut Mont Nemrut Façade est du mont Nemrut La chaîne de l’Anti-Taurus Habitant Kurde à Sanliurfa Concert traditionnel à Mardin Petites têtes d’agneau en vitrine Oeuvre d’art à Mardin Terrasse de café Mosquée du Sultan Ecole à Mardin
Mosquée du Sultan
tout est dit, absolument magnifique, l’espace d’un instant j’avais presque la sensation d’être en Turquie. et puis mon téléphone a sonné!!
Merci pour vos superbes photos qui nous font rêver !!!
Martine
Merci Martine 🙂
Bises
Katia
Hello Katia,
Ce blog, vos photos et descriptions font rever et ca fait plaisir de voir que ton projet se realise
Profitez bien de tous ces bons instants, paysages et rencontres : que de bons moments !
Severine de la Savoie sous la neige
Merci Séverine pour le compliment ! Ca fait plaisir 🙂
Et là nous voilà au Sri-Lanka que tu connais 😉
On s’y plaît beaucoup (un article est en ligne). En tout cas nous nous sentons de mieux en mieux dans le voyage !
Grosses bises et à bientôt !
Katia
Ce sont de belles choses que vous êtes en train de découvrir. Nous en Savoie il fait très froid et la neige est au rendez-vous ! Profitez, bisous à vous.
Vos photos sont superbes et vos textes transpire votre bonheur…
Merci de nous faire voyager !!!
Bernard
Merci Bernard 🙂 Le prochain récit sera sur le Sri Lanka. Changement total d’ambiance. On espère qu’il te fera autant voyager !!! Bises, Katia et Yann