Colombie caliente

Après trois semaines au Guatemala, nous avons débarqué pour un mois au sein de l’ultime pays de notre tour du monde : la Colombie. Nous y découvrons de riches paysages mais surtout un peuple accueillant et joyeux qui vit beaucoup pour la musique et la salsa. Récit.

Le 23 septembre, nous atterrissions à Carthagène des Indes, ainsi nommée pour la différencier de la Carthagène espagnole. Nous avions décidé d’y séjourner trois jours au plus avant d’explorer les plages caribéennes du parc Tayrona et de pousser jusque l’extrémité nord afin de nous perdre à Gallinas, une baie émeraude peuplée de flamants roses et entourée de falaises orange. Mais le destin en décida autrement, Yann éprouvant des douleurs dorsales de plus en plus vives nous obligeant à stopper notre frénésie toute relative de baroudeurs. Notre séjour au sein de la ville coloniale s’étendit ainsi à une semaine.

Effervescence à Carthagène

Carthagène mêle un centre historique remarquable (13 km de fortifications vieilles de plusieurs siècles) où se concentre un flot constant de visiteurs, et une station balnéaire bordée de gratte ciels à la limite de la laideur. Entre deux séances de kiné et trois siestes nous flânons agréablement dans la vieille ville et profitons en soirée de groupes live dans les clubs de salsa dont les colombiens sont friands. Nous goûtons au rhum local, faisons la connaissance, dans un bar à bière, de Hernan, habitant de Bogota et de passage à Carthagène, dégustons le cazuela de mariscos (une cassolette typique de la mer) et faisons tout doucement le deuil de la pointe de Gallinas. Après tout nous avons vu, il n’y a pas si longtemps, celle de Cabo Pulmo au sud de Baja California qui doit être, sinon plus, aussi splendide, aussi désertique et aussi magique. Et nous sommes ravis de découvrir une ambiance caliente propre à la Colombie. La bonne humeur, la gentillesse des colombiens et leur amour pour la salsa nous comblent déjà. C’est ainsi que nous mettons le cap au sud, pour Medellin, en avion (plus rapide que les quinze heures de bus et plus confortable).

Medellin, une grande énergie urbaine

Entourée de sommets dentelés, Medellin est perchée à 1500 mètres d’altitude. Ville de commerce et d’industrie elle est faite de briques. Malgré les gratte-ciel et les bidonvilles sur les hauteurs des collines, la deuxième ville du pays (après Bogota) est agréable à vivre et son temps clément est largement plus supportable que la chaleur étouffante de Carthagène. Nous aimons la place Bottero, le musée d’art moderne, le Palais de la Culture et l’art qui se niche dans tous les recoins de la ville. S’en dégage une grande énergie urbaine et cela nous plaît.

Les déplacements à Medellin sont simples et prendre le métro est agréable. Moderne et bien entretenu, les habitants en prennent soin. Un système de téléphérique (le Métrocâble) et des escalators relient à la ville les différents quartiers à flanc de montagne auparavant exclus. L’un d’entre eux, la comuna 13 était considéré, lors des années tragiques sous la férule sanglante de Pablo Escobar, comme le plus dangereux du pays car situé sur un axe stratégique pour le trafic d’armes et de drogue. En 91 Medellin affichait le triste taux record de 390 homicides pour 100 000 habitants et était devenue la ville la plus violente au monde. Depuis une vingtaine d’années, les différents dirigeants, tous bords confondus, s’affèrent pour bâtir une ville plus humaine et tournée vers la vie grâce à une planification sociale qui donne priorité aux populations et aux territoires les plus vulnérables. Une transformation urbaine devant laquelle on ne peut que s’incliner et que l’on comprend d’autant mieux lors de la visite de la comuna 13 aujourd’hui considérée comme sûre.

Jardin, la ville enchanteresse

Il y a des endroits comme ça, où dès que l’on y pose le pied on s’y sent bien : Oaxaca et San Cristobal des Las Casas au Mexique, Antigua au Guatemala et Jardin en Colombie ! Cette petite ville enchanteresse aux rues colorées est entourée de plantations de café et de montagnes verdoyantes et s’organise autour d’une place centrale, lieu de rendez-vous quotidien de ses habitants. Les vieux y sirotent un café, les marchands vendent leurs arépas (galettes de maïs) et cocktails de fruits et les cavaliers coiffés de leurs sombreros font exécuter à leurs chevaux un trot piétiné jamais vu auparavant. Nous faisons la connaissance d’Alberto, dont la particularité est d’être le jumeau astral du père de Yann (né le même jour et la même année). Il nous fait découvrir le mandongo, une soupe typique de tripes qui plairait beaucoup à certains de nos amis savoyards. Nous nous rendons au théâtre municipal pour assister à un concert de tango et sommes ébahis par l’affut d’habitants venus ici se réunir. Décidément la Colombie nous surprend par sa joie de vivre et l’envie d’être ensemble.

Escale à Manizales

Après les quatre jours passés à Jardin, nous continuons tranquillement notre route vers le sud en optant pour Salento, au sein de la zone cafetera. Afin d’éviter un trop long trajet nous faisons escale à Manizales. Cette grande ville universitaire, flanquée de montagnes andesques, n’est en elle-même pas jolie. Elle paie les frais de deux séismes (1875, 1878) et d’un incendie (1925). Son intérêt réside dans sa nature environnante et sa vie nocturne dynamique. Et quant à nous, notre chance est d’y avoir rencontré Jessica, habitante de Cali. Elle nous convainc de nous rendre dans la capitale de la salsa, pour laquelle les avis divergent et nous laisse ses coordonnées. Elle nous attendra.

Salento avant Cali

Pour atteindre Cali dès le vendredi soir, là où l’ambiance est à son comble, nous avons réduit notre séjour à Salento d’une journée. Ce qui n’est pas plus mal, car à part sa spectaculaire vallée de Cocora parsemée de palmiers à cire pouvant atteindre 60 mètres de haut, Salento nous a déçus et n’a à notre goût pas grand intérêt. C’est sur la visite d’une finca (ferme de café) par un guide speedé que nous mettons les voiles pour Cali. La salsa nous attend.

Cali, la capitale de la salsa

Dès notre arrivée à Cali, nous sommes plongés au cœur de la Calle del Sabor, au sein d’une fête extravagante sur rythme de Salsa en plein centre ville. Ici, des centaines de calenos dansent chaque semaine aux sons des DJ et percussionnistes. Nous arrivons tôt, Jessica voulant nous faire vivre la montée de l’ambiance au fil des heures. C’est réussi. Nous enchaînons avec un club salsa, une sorte de grand hangar où le groupe portoricain de Frankie Vasquez déchaîne les foules.

Pendant trois jours Jessica nous fera découvrir sa ville dont elle est littéralement amoureuse. Une ville qui, certes, n’est peut être pas ripolinée, mais dont l’atmosphère festive est une attraction à elle seule. Point d’orgue de ce week-end d’amitié : la découverte de la gastronomie de la côte pacifique dans un bon restaurant. Il est temps maintenant de nous envoler pour Bogota, ultime étape de notre tour du monde.

Bogota, le retour en France approche

A Bogota pour deux jours nous n’y verrons pas grand-chose. Nous logeons dans le quartier historique, préparons notre retour à Paris avec encore et toujours des formulaires à remplir en ligne et peaufinons cet article que vous êtes en train de lire. Nous repensons à ce mois passé en Colombie et à la joie qui habite le pays. Pourtant il n’y a pas si longtemps encore la terreur y régnait. Les accords historiques de paix entre le gouvernement colombien et les Farc n’ont été signés qu’en 2016. Nous ne sentons pas de stigmates de ces années douloureuses. Comme si tout un peuple voulait tourner la page, au plus vite, sur 50 ans de guerre civile.

Album photos

17 réflexions sur “Colombie caliente”

  1. Bon Retour en France et je vous souhaite encore des visites et revoir vos amis et vos proches. Bon courage pour vous ré-acclimatez à notre pays. J espère que les douleurs de Yann ne sont pas trop fatigantes. Au plaisir de vous voir à Sonnaz lors de votre passage en Savoie. Gros bisous à vous deux 😍😍

  2. Merci à tous les deux pour tout ces bons moments passés à vous lire , à découvrir ces endroits magnifiques que vous avez parcouru .
    Sacré belle aventure , inoubliable et tellement riche . Vous nous en avez fait baver 😊.
    En tout cas bravo pour vos chroniques toujours intéressantes et quel talent de conteurs et de photographe , si si!
    Merci 😍
    Bon retour ….
    Et on attends la suite de Tripnomad
    Au plaisir de vous revoir un de ces jours !
    Bises
    P.

    1. Merci Patrick pour tes compliments qui nous vont droit au coeur. On est content de savoir que nous avons été suivis tout au long de notre périple. Aujourd’hui nous commençons une période de repos et de retour sur notre aventure. On se voit bientôt à Chambéry. On t’embrasse !

  3. Quel bel article qui clôture merveilleusement bien ce sacré périple. Un immense bravo à vous pour avoir mené à bien ce beau projet. Et vive la suite!

    1. Merci Aurélie. Ca fait plaisir de savoir que tu nous as suivis tout au long de notre périple. Le rendez-vous Tripnomade va continuer, car une nouvelle aventure va débuter en Bretagne (après le tour de France des familles – amis). Bises ! Katia

  4. Comme à votre habitude , récit et photographies très hauts en couleurs . Superbe ! Bon retour en France et à bientôt dans le nord autour d’une bonne bière 🍻

  5. Ces chroniques sont tellement intéressantes qu’il faudra les poursuivre en France : Bretagne, Provence, Alpes, Côte d’Azur, Hauts de France, etc..
    Les photos sont magnifiques. Je constate avec plaisir que j’ai un digne successeur, qui fait même peut-être mieux que son père.
    Et, au fait, en Colombie, le NaHCO3, le meilleur du monde, en trouve-t-on dans les pharmacies?

    1. Ah oui ça fait plaisir d’être la fille d’un bon photographe 🙂 Quand on sera dans le Nord dans quelques semaines, tu pourras me donner quelques conseils pour que je sorte du mode Auto ! Et pour le HaHCO3 je crois qu’on n’en trouve plus en pharmacie depuis Sisi !! Si si !!

  6. Les bonnes choses on une fin sa été une belle expérience se voyage toute ses belles choses et rencontre que vous avez pu faire j’espère que tu va nous faire un coucou à Chambéry bisous à. Vous

    1. C’était avec plaisir ! Et de savoir que nous avons été suivis nous donne envie de continuer. Donc Tripnomade va continuer ! Bises et à très bientôt à Cannes !

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